Il y a cette photo d'elle, petite, qu'elle s'est amusée à colorier, et qui la fait ressembler à ce qu'elle sera, vieille. Les couleurs, d'abord peintes sur l'image, le seront plus tard sur la
peau. C'est toujours le désir de donner des couleurs à la vie :
N'ayons pas peur du mal de mer ! Ni du kitsch. Normalement, c'est une animation par page. Là, c'est de la gourmandise. Mieux vaut consommer avec modération : portraits mouvants, eye-popping 3D, portraits de vies, charme suranné ou kitchissime... Très séduisant (j'ai une certaine tendresse pour le kitsch, à tel point que parfois, sans même me rendre compte que c'est kitsch, je m'écrie : oh c'est trop beau ! avant de me rendre compte qu'on me considère avec une grimace dubitative. Il faut dire que j'ai été élevée dans le kitsch, cette forme de mauvais goût si naïve). En attendant, ces petits trésors se trouvent sur ce site.
« Qu'est-il resté des agonisants du Cambodge ?
Une grande photo de la star américaine tenant dans ses bras un enfant
jaune.
Qu'est-il resté de Tomas ?
Une inscription : Il voulait le Royaume de Dieu sur la terre.
Qu'est-il resté de Beethoven ?
Un homme morose à l'invraisemblable crinière, qui prononce d'une voix sombre : « Ess muss sein ! »
Et ainsi de suite, et ainsi de suite. Avant d'être oubliés, nous serons changés en kitsch. Le kitsch, c'est la station de correspondance entre l'être et l'oubli. »
Milan Kundera