Il joue ou il a peur.
Il se déguise ou s'escamote.
Il attend d'être assez grand pour enfiler le manteau sombre, le manteau clair. Celui d'homme, celui de femme.
Il attend, souffle coupé, au contraire de n'être jamais assez grand pour cela.
Il croit qu'il y a une issue, loin de la chaise qui pose, il y a une issue, après l'entrée, qui serait sortie, après le guéridon où sont posés les clés, le courrier, les factures, sous le miroir, sous la glace, sous ce qui réfléchit, toi tu veux rêver, faudrait passer la porte. Faudrait pouvoir garder le chapeau. Faudrait repeindre en blanc, faudrait pouvoir dire ciao, hasta la vista, bonjour c'est moi, votre repas était drôlement frugal un baiser ?
Y'aurait moyen de rejoindre la spider girl en couleur. Elle aussi cherche une issue, un jouet, un truc perdu quoi. Elle cherche l'air dans l'pneu, le clou dans l'caoutchouc, la figurine en plastoque qui sent le monde le vrai, Marvel comics, son reflet dans l'enjoliveur histoire d'enjoliver. C'est qu'elle est drôlement verte la vie dans le bleu du monde, c'est que c'est le moment ou jamais de jouer dans le caniveau, de faire le chien dans l'eau, la chienne si tu veux tu peux encore t'es petite.
Rejoignez-vous, jouez dans l'entrée la rue le trottoir, n'oubliez pas vos virgules ou glissez-les dans vos poches, faites gaffe maintenant c'est démodé, ça fait nouveau roman dépassé, vie délavée, frottez-vous dans la poussière la boue/bitume/soleil. C'est que mes enfants ce monde-là c'est le vôtre, laissez-vous absorber. Doucement, ça fait à peine mal.
(Photographies d'Helen Levitt)