Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Lecture allongée sur la plage au soleil durant une après-midi entière, pendant que les enfants pataugeaient en culotte et sweat-shirt, que demander de plus à la vie ?

Eh bien un peu plus de bonne littérature. Parce que le livre que j'ai lu, encensé par la critique (ça aurait dû me mettre la puce à l'oreille), estampillé prix femina étranger, au début excellent (deux femmes séparées par deux générations qui se jaugent et se flairent et se découvrent), bascula soudain dans une facilité racoleuse, l'auteure se croyant protégée par la grande hache de l'Histoire. Il y a une chose dont je suis désormais certaine, alors qu'auparavant j'avais des doutes : pour dénoncer la violence, il faut s'y prendre autrement qu'en la montrant complaisamment (je pense au film Orange mécanique, qui m'avait mise en colère de la même façon). Dommage, parce que le thème était essentiel : la soumission forcée des femmes en Estonie durant l'occupation allemande puis la seconde occupation soviétique.  Mais cela ne doit certainement pas être le sujet d'un roman, ce genre de scandale, mais bien plutôt  celui d'un documentaire. On sent l'auteure tenter vaillamment d'éviter l'écueil du réquisitoire, mais cela en est un pourtant, sans aucune concession. Fait-on de la littérature avec de la colère ? Ma question reste en suspens. Mais puisque de roman il s'agit,  cela méritait une finesse extrème, que l'on trouve par touches pleines de grâce, hélas vite balayées par les peintures cruelles à gros pinceaux flattant nos bas instincts. Ce roman coup de poing n'est pourtant pas exempt de qualités, notamment dans la construction. (Purge, de Sofi Oksanen).

Vite, vite, besoin d'air et de littérature, la vraie, celle qui ne laisse pas de malaise au coeur mais le rehausse même en dénonçant les bassesses humaines, ou plutôt en ne dénonçant rien du tout, juste en décrivant les flux de la pensée, vite lisons un Faulkner.

 

 

evans_cabin.jpg

(Walker Evans)

Tag(s) : #carnet de bord